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    handicap et sexe

    L'Amour : handicap et sexualité

     

    Depuis le début des années 1970, se sont opérés tour à tour la libération sexuelle accompagnée du droit à la liberté d'avortement et enfin une industrialisation du sexe par l'intermédiaire des sex-shops, des diffusions de films érotiques ou pornographiques sans contrôle particulier. L'accès à ces films est devenu, par le biais d'Internet abordable même aux plus jeunes, entraînant des dérives menant à la délinquance sexuelle. Pour cela, le gouvernement issu des élections de 2002, tente de durcir la législation en matière sexuelle et d'établir une prohibition de la prostitution.

     

    Le dernier tabou

     

    Le seul tabou restant en matière sexuelle demeure la vie amoureuse des personnes handicapées, à croire que ces individus sont nés asexués et que l'image de la personne handicapée n'a guère évolué depuis le siècle des lumières; incarnant des monstres entre l'animal et l'humain. Une autre option est encore possible, en observant l'agencement des espaces publics : «  l'infirme serait un ange ». Ce qui pourrait rendre plausible cette hypothèse serait démontrée par l'existence de trois formes de toilettes publiques (pour les hommes, pour les femmes et pour les personnes handicapées). De ce fait, les invalides constituent un troisième sexe.  De la même la communauté homosexuelle a pu vivre cet état de fait, avant 1982, où l'homosexualité était un délit.

     

     

    Mais comment ce dernier tabou qui concerne la sexualité des personnes handicapées peut-il être levé ? Sans doute, par une reconnaissance pleine et entière de ces citoyens à l'humanité. Si le fait d'être humain peut se définir par le logos, bon nombre de personnes handicapées n'en sont pas dépourvues et, parfois même, en sont bien loties. Ces individus, que l'on pourrait qualifier d'exceptions dans le langage d'Hannah ARENDT, sont souvent perçus comme des bienfaiteurs de l'humanité de part leur côté altruiste. Pourtant les gestes d'altruisme ne sont-ils pas souvent que des actions d'égoïsme déguisé, ayant pour but la reconnaissance de la personne par la société ?

     

    La sublimation de la libido : concept de S. FREUD

     

    couple handicap

    Si l'amour est une force équilibrante, et parfois génératrice de créativité et d'action (comme croit l'avoir perçu S. FREUD dans « le souvenir d'enfance de Léonard DE VINCI » qui sublime son homosexualité en se servant de sa libido dans sa création artistique) pour le commun des mortels, il peut être aussi un acte de soin pour une personne invalide. En effet, une bonne relation amoureuse vaut bien une séance de rééducation.

     

    A ce jour, cette question reste encore l'un des plus grands tabous de la société française, alors que  certains pays de l'union européenne s'interrogent ouvertement et tentent de trouver des solutions appropriées. En France, les seules propositions avancées sont le recours à des professionnels du sexe réprimés par la loi,  des plaisirs solitaires ou bien encore le détournement de sa libido en force créatrice et intellectuelle.

     

    Etre sans aimer et sans être aimé, ce n'est pas tout à fait être !

     

    « Nos passions (amoureuses) sont les principaux instruments de notre conservation, c'est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire ». Jean-Jacques ROUSSEAU

     

     UNE IDEE POETIQUE DU HANDICAP 

     

     

    MAIS ALORS Où SE SITUE LA LIBERTE ?

     

    Un amour non endigué par le handicap

     

    Pourtant si négligé que souvent on le rate

     

    Et capable d'aimer sans réserve, sans compter

     

    Un esprit ouvert dans un corps prisonnier

     

    Ah ! Il manque un pied ou deux à ces maux derniers

     

    Mais qu'importe après tout l'âme est libérée !

     

     

     Stéphane De Bona


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  • La vérité, une idée métaphyque 

     

    nietzsche ni dieu ni maître

    L'idée de vérité chez Nietzsche est pour ainsi dire un mensonge. On pourrait résumer la pensée de Nietzsche sur ce sujet par une phrase : “La vérité n'existe pas. L'idée de vérité se rattache à la métaphysique qui est la recherche de l'essence première, en résumé la recherche d'un Dieu et celle d'un absolu. Nietzsche, qui se déclare un anti-métaphysicien convaincu dans le § 125 du “gai savoir”, proclame la mort de Dieu : “Dieu est mort ! Dieu reste mort ! et c'est nous qui l'avons tué”. Il réitère cette affirmation dans “Le crépuscule des idoles”.

     

    En m'appuyant sur différentes notions, je vais expliciter la pensée de Nietzsche en rapport avec l'idée de vérité.

     

    La hiérarchie 

     

    On ne peut pas qualifier Nietzsche de chercheur de la vérité. Pour lui, c'est une tromperie, un résidu de métaphores comme il l'affirme dans “Vérité et mensonge au sens extra-moral”. La vérité est une vue de l'esprit qui permet à l'homme de se structurer et de désigner par le langage un signifié. Elle n'est qu'une procédure de langage et Nietzsche opère alors une démystification de l'idée de profondeur et montre que la recherche du fondement des choses n'est rien d'autre qu'une illusion. Surface, profondeur et essence ne sont rien d'autre, pour Nietzsche, que des métaphores mensongères qui hiérarchisent la réalité. La vérité peut donc se raccrocher à la connaissance qui n'est pas autre chose, comme Nietzsche l'exprime dans “la généalogie de la morale”, que la ruse des faibles pour dominer les forts.

     

    La vérité chez Nietzsche, c'est également faire l'éloge du faible contre le fort en renforçant l'idée de valeur morale qui, pour lui, sont des valeurs de tromperie, afin de garantir la volonté de puissance à laquelle tout homme aspire.

     

     Le renversement des valeurs

     

    Pourquoi l'homme voudrait-il la vérité? Vaut-elle même d'être cherchée? Ne peut-on pas lui opposer des valeurs plus hautes : la vie par exemple? Telles sont les questions que Nietzsche osa se poser, ce qui montre indirectement le caractère moral de la vérité puisqu'elle exclut d'emblais l'erreur. Mais, comme Nietzsche le dit lui-même, l'homme peut vouloir l'erreur, ce qui peut lui garantir indirectement le plaisir, le pouvoir, etc... même si cela lui fait parfois perdre sa dignité d'homme. En somme la vérité ne serait que l'affirmation des valeurs traditionnelles de la morale, de la science et de la religion. Elle apporterait un cadre, pour Nietzsche, perpétuellement favorable aux faibles afin de garantir leur domination sur les forts. En se basant sur les écrits de Nietzsche, tels que “Le crépuscule des idoles”, “Vérité et mensonge au sens extra-moral” et “La généalogie de la morale”, on se demande s'il ne pense pas tout simplement que la vérité n'est pas un mensonge favorable aux faibles, et si un renversement des valeurs ne pourrait pas rendre justice à la nature : ramener les forts au pouvoir.

    Le chat vérité

     

     

     Mais n'est-ce pas là le début d'une théorie fasciste ou nazie? Cette idée peut être renforcée par la citation de Nietzsche : “L'esclave est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation”. C'est en s'appuyant sur des citations telles que celle-ci et les idées de surhomme et de volonté de puissance que les nazis ont pu mettre en pratique leur système totalitaire. Mais en aucun cas sur l'idée de vérité Nietzschéenne puisque ces régimes, lorsqu'ils affirment détenir la vérité, arrivent à démanteler par eux-même leur propre système, ce qui rend grâce à Nietzsche et montre bien que la vérité n'est qu'une illusion.

     

    Ma vérité n'est peut-être pas celle de mon voisin et inversement.

     

     L'homme serait-il un demi-Dieu ?

     

    L'homme qui affirmerait détenir la vérité serait proche de Dieu. On comprend bien alors que Nietzsche ne peut donner aucun crédit à ce que les hommes appellent vérité, car prouver l'existence de la vérité serait prouver l'existence de Dieu, et Dieu alors ne serait plus mort : on l'aurait ressuscité. En évacuant les idées de vérité et de Dieu, Nietzsche a tout de même ouvert le champ de tous les possibles. Comme dirait Dostoïevski : “Si Dieu est mort, alors tout est permis”. Nietzsche a bien compris qu'en remettant en cause l'idée de vérité, il touche à l'un des fondements majeurs de notre société : la morale. Comment peut-on juger un comportement moral ou immoral? Car la morale dépend certainement de l'idée que la société se fait d'une chose. Je donnerait simplement comme exemple, le fait d'avoir un enfant hors mariage : avant les années 1970, ce fait était considéré comme totalement immoral, ensuite il fut toléré et de nos jours il est revendiqué comme un droit. Par cet exemple, on peut voir que ce qui peut être vrai aujourd'hui peut être faux demain.

     

     La pensée nihiliste

     

    L'absence de vérité aide Nietzsche en premier lieu à mettre en place le concept de nihilisme puisque sans vérité, il n'y a pas de fin dans ce monde. Ce concept correspond à la décadence et à la régression des forces spirituelles que Nietzsche croit observer en Occident. Le nihilisme est la destruction et la transmutation des valeurs traditionnelles essentiellement chrétiennes qui créera selon lui, un nouveau monde où s'affirmera “la puissance accrue de l'esprit”. La fin de l'idée de vérité rend vraisemblablement plus forte l'idée de liberté dont Nietzsche est sans doute l'un des défenseurs. En partant de ce constat, je pense pouvoir affirmer que Nietzsche rejette la vérité car il la perçoit comme un carcan qui empêcherait les esprits libres et indépendants de s'exprimer dans une société de faibles qui établissent des règles pour se protéger.

     

     En conclusion, je serai pour une fois un défenseur de la pensée de Nietzsche, car celui-ci en refusant l'idée de vérité, renforce le doute méthodique cartésien  et ouvre à la science des horizons inexplorés, puisque celle-ci peut se permettre de penser le caractère technique avant la morale alors qu'auparavant  ces deux concepts étaient inversés.

     

    Mais ne jetons tout de même pas la morale au rebut, car elle peut empêcher une société de partir totalement à la dérive et de basculer dans l'horreur. De plus, on peut se rendre compte que la morale reste une valeur modulable à travers le temps et les générations. Un changement de pouvoir par le biais d'une idéologie peut rendre une vérité fausse et inversement. Enfin, on peut dire que le concept de vérité n'est basé que sur des syllogismes qui ne sont qu'un raisonnement déductif formé de trois propositions : deux prémices et une conclusion  (par exemple :tous les hommes sont mortels; or Socrate est un homme; donc Socrate est mortel) .

     La vérité n'existe pas. Elle est perçue différemment par chacun, et ainsi elle nous est propre.    

     

     

    Stéphane De Bona


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         Il est de bon ton de promouvoir la liberté d’expression. Ceci est un fait qui relève, à n’en point douter de nos libertés fondamentales. L’occident conserve encore en mémoire la censure imposée par les régimes fascistes, comme un élément d’un inconscient collectif qui parait si loin au regard de l’évolution de notre société. Pourtant, cette censure s’opérait il y a à peine quatre-vingts ans. Faut-t-il alors tout permettre ? Les événements récents posent cette question de manière récurrente et urgente.

     

    Liberté et inconscient collectif 

     

    En effet, lorsqu’on regarde les caricatures de Charlie Hebdo et le « film » (enfin sa soi disant bande annonce) nommé « Innocence of Muslims », et surtout lorsqu’on examine leurs répercutions, on prend très vite conscience de la pertinence, et surtout de l’urgence d’une telle réflexion. Sur le fond, ces affaires n’ont rien d’original. Comme le rappelle le philosophe Guy Haarscher (1), l’expression artistique s’est toujours télescopée avec les susceptibilités religieuses. Il y a cependant dans ces affaires deux différences fondamentales. D’une part, les « œuvres » ont été créées et diffusées dans un espace culturel, social et surtout idéologique différent de celui qui influence les personnes qui se sentent offensées. D’autre part, l’instabilité politique de certains pays arabes est un élément à prendre pleinement en considération. En tenant compte de l’effet de prophétie auto-réalisatrice décrite notamment par Merton, on est en droit de se demander si l’effet escompté par de telles injures n’est pas recherché. Bien entendu, les conspirationnistes de tout poil y voient (à tort ?)la patte de la CIA et du Mossad. En effet, alors qu’il est question d’attaquer l’Iran, ces affaires tombent à point nommé afin de rendre l’opinion publique favorable à l’idée d’un nouveau conflit. On s’aperçoit en considérant cette idée, que la question que nous posons va bien au-delà de la simple interrogation philosophique, surtout si nous considérons que des personnes sont mortes à la suite des violents mouvements qu’ont occasionnés le "film" de Sam Bacile.

     

    Le film de la provocation

              

    Sur le fond, il faut surtout se garder de faire l’amalgame entre deux œuvres fort différentes. Les caricatures de Charlie Hebdo sont certes offensantes. Mais par contraste, peut-être, elles paraissent bien moins perverses et cruelles que la parodie de film nommée « Innocence of Muslims ». Il suffit de visionner cette vidéo sur YouTube pour comprendre que cette chose n’a pas pour but de parodier l’Islam en utilisant des clichés et des stéréotypes de manière grossière et un tant soit peu humoristique, mais de pousser à une réaction hostile et à une défense identitaire. L’humour n’est pas potache, rien n’est suggéré ou ironique. Non, cela va bien au-delà et cette forme d’expression n’a rien d’humoristique. Cette vidéo va jusqu’au bout de la provocation. Elle présente de manière textuelle le prophète comme un pédophile, un homme volage et les musulmans comme des êtres violents, cruels et bêtes. Doit-on permettre cela ? Doit-on traiter sur un pied d’égalité une parodie ou une insulte ? Il est du ressort du législateur de statuer sur cette question. Il est en revanche de la responsabilité du penseur en sciences humaines et sociales de s’interroger sur la légitimité de permettre à de tels messages d’être véhiculés librement.

     

     

    Les droits fondamentaux en France

              

    En effet, dans un état comme la France, il parait légitime d’interdire aux joueurs de poker de parier et de participer à des tournois sur des sites étrangers, d’interdire la diffusion de films et d’œuvres protégées par droit d’auteur, cela au prix des liberté fondamentales des citoyens et en utilisant de procédés de blocage des communications comparables à ceux utilisés en Chine. Il nous apparaît pourtant impensable de demander à nos états, si liberticides en matière d’information et de communication, de brider des messages trop offensants, lesquels n’ont pas pour but de faire rire et ne relèvent pas du second degré, mais représentent une insulte et visent à inciter à la haine. Il y a là une question de fond(s) qui mérite d’être soulevée. A mon sens, les pouvoirs publics ne peuvent rester inactifs et invoquer la sacro-sainte liberté d’expression. Ils ne peuvent rester permissifs et laisser le premier quidam insulter une religion et mettre le feu aux poudres. En substance, il ne doit pas permettre à des individus malintentionnés de blesser ne serait-ce qu’une personne dans son amour propre, et a fortiori une part importante de la population mondiale. Il ne s’agit pas là de brider le droit à la parole, mais d’apporter un cadre nécessaire. Un exemple fourni par l’actualité people nous rappelle que la loi existe et prévient les abus des médias en fixant des limites. En effet, si l’on est capable de condamner un journal car il a publié une photo des seins de Kate Middelton, il est parfaitement envisageable de condamner, ou au moins de traduire en justice l’auteur d’un film qui dépeint un peuple comme bête, brutal et assoiffé de sang. Si cela ne se fait pas, c’est parce que nous vivons dans une société qui promeut des valeurs individualistes. Il est en effet possible d’insulter une culture entière, alors que le fait de porter des accusations infondées  contre une personne relève de la diffamation. Il y a là, à mon sens, un vide juridique qu’il devient indispensable de combler. Il faut interpréter les soulèvements non pas comme la manifestation brutale de barbares arriérés, mais comme l’expression de personnes sensibles et fières de leur identité, bafouée gratuitement et gravement. La liberté, ce n’est pas faire n’importe quoi. Il est offert à chacun, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, de diffuser des messages rapidement et dans le monde entier. Cet outil se révèle être un moyen puissant qu’il convient de surveiller un minimum afin de prévenir à l’avenir la survenue de tels événements. La question qui se pose est la suivante : le veut-on vraiment ? Nous interprétons le monde de manière ethnocentrique, en élevant la liberté d’expression au dessus de toutes les autres valeurs. Cette manière de penser, autistique, ne tient pas compte de la pensée des autres. Il y a en effet de nombreuses divergences entre l’idéologie propre aux états occidentaux et d’autres. Internet met en exergue ce fait. Reste à savoir si l’omnipotent et l’omniscient démocrate occidental sera prêt à mettre en question ses certitudes en se prêtant au débat et en se soumettant à l’angoissante mais enrichissante expérience de l’altérité, et surtout s’il sera capable de proposer des compromis.

     

    Pas d'amalgame !

                     

    Il ne faut pas non plus faire un amalgame entre les réactions, parfois violentes, qui ont lieu notamment au Proche Orient et le terrorisme de manière générale. Les premières ne contredisent pas forcément les idéaux démocratiques et les droits de l’homme. Elles sont la réponse certes inappropriée, mais légitime, d’un peuple blessé. Nous n’utilisons pas les mêmes filtres et le mêmes critères de jugement lorsque ce sont des minorités qui descendent dans la rue pour défendre leur identité. Chez nous, nous leur reconnaissons ce droit, et en démocrates, nous voudrions le refuser aux autres sous prétexte qu’ils vivent dans des régimes à dominante théocratique et qu’ils défendent une identité basée sur l’appartenance religieuse et non une préférence sexuelle ou des intérêts de classe ? En ce qui concerne le terrorisme et la violence qui découle de ces manifestations, il convient bien entendu de les condamner. Gageons qu’en respectant l’Islam et la sensibilité de ses fidèles, de tels actes deviendront bien plus rares.

     

     

         Au final, la question de la liberté individuelle n’est qu’une clé d’entrée à la réflexion qui doit être menée et qui doit engager chacun en tant citoyen certes éclairé et libre, mais aussi respectueux de l’autre et de sa sensibilité. La liberté, c’est de pouvoir s’exprimer en respectant l’intégrité de l’autre. C’est de débattre, de faire usage de la raison, de former l’espace public cher à Habermas, ce n’est pas de cracher au visage de l’Autre parce que l’on sait que ce n’est pas interdit. Comme le disait Saint-Augustin, « Aime, et fais ce que tu veux ». L’explosion de la communication doit être accompagnée d’une réelle prise de conscience des conséquences éthiques d’une trop grande permissivité. Il est illusoire de penser que tout un chacun est capable de mesurer la portée et les conséquences de ses propos lorsqu’il les diffuse à une échelle planétaire. Il faut réfléchir, débattre et légiférer, et il faut le faire vite. 

     

     

    David HOFF

     

     

     

     

    (1) Une analyse très pertinente des limites de la liberté d’expression du philosophe Guy Haarscher est disponible sur internet. Il décortique la législation et la jurisprudence européenne notamment en ce qui concerne le blasphème et le négationnisme : Liberté d’expression, blasphème, racisme : essai d’analyse philosophique et comparée Guy Haarscher  


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    L'handicapable

     

    film intouchables

    Le but de cette analyse va être de proposer un autre regard sur le handicap car longtemps considéré comme un tabou, le handicap donne à voir depuis toujours une certaine manière d'envisager la vie et d'appréhender la personne à mobilité réduite comme une personne mise au ban de la société, un monstre, une « chose » différente de la masse globale. Mon texte est simple, sans fioriture ni concession, parfois brutale, toujours lucide. Je pars du principe de ne plus favoriser l'handicapé par rapport aux valides, car selon moi il y aurait discrimination positive pour reprendre une célèbre formule, mais plutôt adapter l'aspect technique (ascenseur, rdc). Il faut changer les mentalités dans la vision même de l'homme mais il faut surtout que soit reconnu le fait qu'un handicap aussi lourd soit-il n'est pas une maladie ni une fatalité et encore moins mortelle, qu'on peut vivre comme tout le monde, longtemps grâce aux progrès de la médecine : les institutions en première ligne alimentent depuis des décennies une hypocrisie insupportable sous couvert de bonne action du jour ; les banques refusent à première vue le prêt bancaire à un handicapable qui souhaite acheter ou louer un bien immobilier ou locatif. Du handicap, l'handicapable n'est plus un handicapé ; les handicapés c'est nous, ce qu'on appelle valides, normaux. D'où ma question : Où est la norme ?

     

    Rendre le visible invisible

     

    La personne à mobilité réduite doit être traitée comme les autres ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour celà une redéfinition du mot « handicapé » est nécessaire ; aujourd'hui encore ce mot possède un sens lourd de signification, réducteur et péjoratif. C'est pourquoi je préfère le terme « handicapable » je le répête une personne comme les autres si ce n'est la machinerie qui lui sert de support -fauteuil- à se déplacer comme nous autres. Utilisons le vélo ou la voiture, inversons les rôles : que diriez vous si nous pouvions tout faire simplement assis confortablement dans notre fauteuil pourvu de dizaines de fonctions qui nous permettraient de manger, boire, dormir, lire, écrire, nous déplacer. Devenons handicapés le temps d'un texte : L'affect, la sensibilité, le toucher est plus développé chez une personne à capacité réduite. C'est lorsqu'on est réellement privé de l'un de nos sens que les autres  en sont plus développés ; regard différent se pose alors  sur son propre corps et sur le monde ; on aimerait pouvoir dire « le handicap a changé ma vie » aussi immorale et vide de sens cette phrase soit-elle...

    Frustrant et traumatisant est la personne qui n'est pas handicapée de naissance mais suite à un accident ou une maladie. Une fois handicapée, la personne ne veut pas y croire, puis prend conscience de son état et réalise que plus rien ne sera comme avant : On lui a enlevé une partie de son humanité. Trois profils se dévoilent, celui...

    * qui n'acceptera jamais son handicap (dépression, idées noires, folie, aggressivité, schizophrénie, suicide)

    * qui profite de sa situation (assistanant, égocentrisme, blasé, aigri)

    * qui s'ouvre aux autres et qui veut s'en sortir (indépendance, autonomie, empathie, philantropie)

     

    Tous différents et riche de l'autre

     

    On est tous l'handicapé de quelqu'un dès lors qu'on est différent, celui considéré comme hasbeen, excentrique est immédiatement marginalisé. Il tient d'une forme de pensée unique que de dire et de faire comme tout le monde, cette fameuse expression « faire comme tout le monde » propre aux donneurs de leçons ; les exemples sont divers et variés dans toutes les artefacts de la vie quotidienne :

    En famille : la pression exercée sur une personne souvent moins expérimentée, plus jeune ou tout juste débarquée dans la famille, concernant les décisions importantes quant à la recherche d'un emploi, où scolariser son enfant, la prise ou non de la parole, les disputes au moment du repas, les règlements de comptes et les secrets inavoués sont autant d'exemples qui prêtent parfois à sourire et maintes fois utilisés dans les scénarios de fims ou séries.

    Sur son lieu de travail : la personne, qui va travailler plus lentement que son collègue, va être mis au ban de son groupe. Il faut manger les autres avant de se faire manger entend-t-on souvent mais la dextérité, l'esprit d'équipe et la rapidité d'exécution n'est pas forcément acquis chez tout le monde, et l'on devrait pouvoir s'entendre et travailler avec divers profils, accepter faiblesses et défauts chez les autres sans que celà n'entrave pas la bonne marche de compétitivité de l'entreprise.

    Dans l'intimité : la panne sexuelle, l'impuissance ou l'éjaculation précoce sont autant de handicap qui peuvent bouleverser la vie sexuelle du couple. Au rang de performance, le complexe du vestiaire et le besoin constant de satisfaire sa ou son partenaire sont des défis purement masculins qui obsèdent l'individu. D'un autre côté, l'infidélité, le fait de supporter l'autre sont des barrages à l'incompréhension.

    Enfin, en milieu scolaire : Il y a compétition au niveau de l'assimilation des informations chez l'élève sinon il sera vite catalogué comme un perdant, un boulet ou pire, idiot... Les clans intègrent des profils types et on remarque les premiers comportements du genre depuis le début des années 80, en même temps que la technologie avançe et que la surconsommation dicte les conduites à adopter. Faire partie d'une bande comme vecteur social, avoir les mêmes intérêts communs que cette bande, sinon l'élève risque là aussi d'être exclu, et chez les jeunes on sait à quel point les méthodes sont radicales, parfois cruelles.

     

    Le droit à l'indifférence 

     

    L'handicapé ; cette tranche d'individu qui suite à une maladie ou à un accident se retrouve dépourvue de certains ou de toutes ses facultées physiques, motrices et/ou intellectuelles, parmi tous les types de handicaps existants, celui qui m'intéresse serait plutôt la manière dont nos sociétés modernes prônent l'assistanat : La première loi sur le handicap date de 1975, avant, il n'y eu pas de reconnaissance de cette catégorie de personnes aux yeux de l'état, ni de prise en charge, ni de statut pour l'handicapé ; à partir de cette date, les enfants souffrant d'un handicap sont scolarisés. A son 20e anniversaire, une assistante sociale à domicile contrôle et évalue les besoins de l'handicapé tous les cinq ans (une exception en Alsace-Moselle) et une seule fois pour toute dans le reste de la France. Cette personne exécute les gestes pour lesquels elle est payée et couverte. L'ensemble de ces soins-là est prédéfinie (si l'aide à la personne fait le repas, elle ne fera pas le ménage...). La situation est révisée en cas d'évolution nette dans la vie de la personne handicapée, cependant cela reste aléatoire et ambigüe car si un jour cette personne peut se lever du lit toute seule, le lendemain elle ne pourra peut-être pas le faire. Dans le cas de l'ancienne allocation l'A.C.T.P. versée mensuellement et gérée à la guise de l'handicapable pour rémunérer une personne désignée apte aux soins quotidiens minimum, cette personne pouvant être de la famille ou non. Avec le film « Intouchables » le handicap est sorti du bois. Est-ce vraiment une vision réaliste de notre société, on peut honnêtement se le demander. Les exemples successifs cinématographiques et gouvernementaux nous montrent des personnes en situation de handicap qui proviennent de milieux aisés. Dans les années 80 le seul ministre handicapé a laissé un triste souvenir. Dans un premier temps, Michel Gilibert a sensibilisé la population au handicap mais s'est révélé un piêtre gestionnaire des finances publiques ou plutôt un bon, mais à son profit. L'éclaircissement de cette situation ne sera jamais faite car il décéda quelques jours avant l'ouverture de son procès. Aujourd'hui Philippe Streiff ancien pilote de FI de part ses moyens et sa notoriété a la possibilité de vivre seul dans « le luxe » et faire du lobbing auprès des différents gouvernements pour améliorer notre situation de vie. C'est largement le succès d' « Intouchables » qui réhabilita l'image de le handicap auprès du grand public, là encore c'est un homme Philippe Di Borgo qui a pu tirer son épingle du jeu grâce à sa fortune personnelle. N'oublions pas les 850 000 bénéficiaires français de l'Allocation Adulte Handicapé (vosdroits-servicespublics) ne peuvent pas avoir de conditions de vie dignes et similaires à ces exceptions. L'AAH représente en effet une allocation de subsistance qui se situe largement en dessous du seuil de pauvreté. Malgré l'augmentation de 25% sous le quinquenat de Nicolas Sarkozy nous ne le dépassons toujours pas.

     

    Faut-il alors qu'un maillon sorte de la chaîne et deviennent autonome, ouvre la voie à d'autres pour que l'handicapable deviennent un exemple à suivre, que son action soit largement médiatisée... Cette théorie est tout à fait réalisable si un effort minimale du public est apportée et que les sociétés individualistes tombent ; cela demandera un gros travail sur soi, il faut passer du visible à l'invisible. Travailler sur la reconnaissance de la personne handicapée dans tous lieux communs et son stigmate sera totalement dépassé. Il pourra ensuite s'opérer dans tous les autres spectres minoritaires, l'homosexualité notamment.

     

    Franck Schweitzer en collaboration avec Stéphane De Bona


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