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    Cerrie Burnell

    Cerrie Burnell est née avec une seule moitié du bras droit, mais cela ne l'a pas empêché d'être recrutée par la chaîne britannique BBC pour animer une émission enfantine. Cette jeune femme de 29 ans réalise ainsi son rêve : travailler pour la télévision malgré son handicap. Une initiative de la BBC surprenante, mais qui mérite sûrement d'être applaudie.

     

    La peur de la différence

     

    Cette jeune femme volontaire fait l'objet d'une polémique. La chaîne a reçu des milliers de lettres, demandant le retrait de l'animatrice de l'antenne. Elle fait peur aux enfants !

     

    La chaîne BBC reste pour le moment sur ses positions et maintient Cerrie Burnell à l'antenne, mais pour combien de temps encore ? De son côté, l'animatrice ne comprend pas ces critiques et pense que "des modèles sont indispensables dans les médias". Cette situation pose la question d'une éducation au handicap ou plutôt à la différence.  Comment peut-on penser à l'intégration totale des personnes en situation de handicap, lorsque nous pouvons rencontrer un tel cas au 21ème siècle ?

     

    Le handicap à la télévision française

     

    En France, ce problème ne pourrait pas arriver. Le handicap est tout simplement absent des écrans. Nous parlons de l'insertion des personnes handicapées que ponctuellement, à travers de reportages sur des gens d'exceptions. Nous existons grâce à des quotas dans les entreprises ou la fonction publique, par des campagnes médiatiques choc. Nous vivons dans une société d'image et nous y sommes quasiment inexistant, un paradoxe. Nous sommes une minorité invisible ! La seule série « âge sensible » mettant en scène un jeune handicapé dans les années 90 a fait long feu, par manque d'audimat. Autant dire que quand nous serons dans une telle situation, nous pourrons être heureux !

     

    Stéphane De Bona    


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    Victoria Baker est une jeune artiste franco-américaine qui veut tenter sa chance en France, elle m'a fait l'amitié de répondre à une interview improvisée. J'espère qu'elle lui apportera de nouveaux producteurs.

     

     

    Victoria Baker

     

    Tu es issu d'une double culture franco-américaine pourrais-tu nous dire, ce qu'elle t'a apportée dans la vie et l'influence qu'elle a dans tes compositions musicales ?

     

    Difficile de répondre:-) Il y a bien sur une multitude de différences culturels dont la plupart je ne me rends même pas compte! Mais je me sens très à l'aise en France tout comme aux US. Je pense que cela a créé un métissage culturel en moi, et bien sur cela a un effet sur mes compositions.

     

    Lorsqu'on t'écoute chanter, on remarque instantanément ta voix, qui dénote parmi d'autres sur le site MMC, as-tu pris des cours de chant ?

     

    J'ai étudiée la composition et le chant à la Juilliard School de New York. C'est une institution assez reconnue en Amérique avec un processus de sélection assez rigoureux (j'ai d'ailleurs une petite vidéo à ce sujet dans la section des vidéos qui pourra expliquer davantage). Mais je dirai que les cours de chant ne servent pas ni à créer ni à changer une voix mais plutôt cela peut aider à la conserver. Un timbre de voix n'est pas une chose qui s'apprend par contre c'est une chose qu'on peut apprendre à conserver.

     

    Pourrais-tu nous décrire ton univers musical ?

     

    Je pense que la musique doit être un endroit où on se perd et où on se retrouve. Pour moi, la musique est un refuge et parfois même une échappatoire- les émotions, les paroles sont toujours plus nobles quand elles sont accompagnes de musique. Mon univers musical : je pense qu'une écoute vaudra mieux que toutes mes paroles mais je pense que cela confirmera que les « power ballads » (des ballades avec des mélodies simples mais accrochantes  qui mettent en valeur la voix) forment la base de mon univers musicale. Je pense aussi que je représente un « gap » dans le marché Français actuel. Ce qui veut dire que je représente un genre assez connue et réussi aux USA, UK etc… et qui va bientôt se propager en France. La possibilité d'être la première à remplir ce « gap » dans le marché Français est une chance extraordinaire. Car c'est ma « différence » si je me permets de le dire, qui me permettra des démarches plus lucratifs que d'autres qui parcours des chemins musicaux déjà beaucoup trop saturées et donc d'autant plus compétitive.

    Propos recueillis par Stéphane De Bona

     

     

     


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     Titre : La chambre claire   " Note sur la photographie "

     

    Nom de l'auteur : Roland BARTHES

     

    Edition  de l'Etoile, Gallimard, Le Seuil

     

    Date de première parution : 1980

     

    Date de lecture : Décembre 2002

     

    Biographie de l'auteur

    roland-barthes

    Critique français ( Cherbourg 1915-Paris 1980 ).Sa vie d'universitaire est perturbée par plusieurs séjours en sanatorium qui lui font découvrir l'oeuvre de SARTRE et le marxisme. Aprés une convalescence à Paris, il obtient un poste d'aide bibliothécaire, puis de professeur à l'institut français et de lecteur à l'université de Bucarest. Séjournant en Roumanie de 1948 à 1949, il découvre la réalité du système communiste.  Inspirée de la linguistique de SAUSSURE, de l'anthropologie sructurale, puis de la psychanalyse de LACAN, son oeuvre s'ouvre sur l'étude des rapports de la littérature et du pouvoir ( Le Degré zéro de l'écriture, 1953 ). L'idée d'une langue neutre arrachée aux falsifications du circuit social oriente ses recherches sémiologiques et son analyse des traits et mythes de la société contemporaine ( Mythologies, 1967 ; le Système de la mode, 1967 ). Ses travaux sur une science de la littérature ( Sur Racine, 1963 ; Critique et Vérité, 1966 ), sur la poétique du signe libre ( L'empire des signes, 1970 ) ont fait progresser la réflexion sur le langage naturel antérieur au langage structuré et sur la science des signes antérieurs à toute linguistique. Son oeuvre est une réflexion sur l'essence de la communication. On lui doit, entre autre, "Fragments d'un discours amoureux, 1977" et "La chambre claire, 1980". Attentif aux transformations de la littérature aussi bien qu'aux textes classiques, BARTHES en vient progressivement à cerner "Le plaisir du texte", 1973. C'est pourquoi il emprunte ses méthodes à diverses théories ( de Brecht au struturalisme, dont il est avec Lévi- Strauss, un partisan résolu montrant notamment qu'il existe une créativité, dans la littérature, de la méthode structurale en passant par la psychanalyse ), privilégiant la saveur des mots sur le strict contenu. Mais, trés soucieux de préserver sa liberté d'écrivain, il admet que toute régle, en particulier théorique, risque de se transformer aisément en abus.En 1976, il obtient une chaire de sémiologie litttéraire au collége de France, qui vient couronner sa carrière universitaire à la fois prestigieuse et marginale. Il meurt le 26 Mars 1980, des suites d'un accident de la circulation.

     

    Thème du livre   

     

    Ce livre traite de la photographie. Il aborde le problème du classement de la photographie : d'aprés Barthes il n'existe aucun moyen pour classer les différents types de photos. Dans un premier temps, il essaiera d'en établir un de type émotionnel, mais ensuite il se rendra compte de l'intérêt de la photographie comme élément créateur d'histoire et ceci l'amènera à décrire la photo comme objet ethnographique.

     

    Plan du livre

     

    I.  - Spécialité de la photo

     

        - La photo inclassable

     

        - L'émotion comme départ

     

       - Operator, Spectrum et Spectator

     

        - Celui qui est photographié

     

        - Le Spectator : désordre des goûts

     

        - La photographie comme aventure

     

        - Une phénoménologie désinvolte

     

        - Dualité

     

        - Studium et Punctum

     

        - Le Studium

     

        - Informer

     

        - Peindre

     

        - Surprendre

     

            - Signifier

     

        - Faire envie

     

        - La photographie unaire

     

        - Co-présence du Studium et du Punctum

     

        - Le Punctum : trait partiel

     

        - Satori

     

        - Après coup et silence

     

        - Champ aveugle

     

        - Palinodie

     

     

    II.  - " Un soir... "

     

     

         - L'Histoire comme séparation

         - Reconnaître

         - La photographie du Jardin d'Hiver

         - La petite fille

         - Ariane

         - La Famille, la Mère

         - " ça a été "

         - La  pose

         - Les rayons lumineux

         - L'Etonnement

         - L'authentification

         - La stase

         - La mort plate

         - Le Temps comme Punctum

         - Privé / Public

         - Scruter

         - La ressemblance

         - Le lignage

         - La chambre claire

         - L' " air "

         - Le regard

         - Folie, Pitié

         - La photographie domestiquée

     

    Concepts clefs

     

    1/ Le Studium est le champ très vaste du désir nonchalent de l'intérêt divers, de l'ordre du goût : j'aime / je n'aime pas.

    2/ Le Punctum est un détail, c'est à dire un objet partiel, un objet qui attire l'attention du spectateur qui ne peut avoir aucun intérêt par rapport à ce que l'image veut montrer.

    3/ L'Operator, c'est le photographe.

    4/ Le Spectator, c'est nous tous qui compulsons, dans les journaux, les livres, les albums, les archives, des collections de photos.

    5/ Le Spectrum, c'est la cible, le référent, sorte de petit simulacre, d'eidôlon émis par l'objet.

    6/ Le " ça a été " est l'objet restant, constitué de l'interfuite entre l'infini et le sujet. 

     

    Intérêt du texte

     

    Ce texte nous montre que la photographie est un objet qui capture un instant de vie, une époque placé entre passé et présent. C'est en quelque sorte une mort avant l'heure, ce que l'auteur qualifiera de mort plate.A travers la photographie, on peut retracer, à grands traits, l'histoire puisque celle-ci, d'après l'auteur, n'est pas trompeuse : l'élément photographié s'est trouvé là à l'instant de la prise ( ça a été ), mais c'est son interprétation qui peut être illusion. Dans la deuxième partie du livre, l'auteur nous montre bien que la photographie est en soi un objet ethnographique, car, à travers le temps ( exemple de sa mère enfant ), l'habillement, les gestes, il est possible de caractériser une époque, une culture.

     

    Réflexion et questions sur le texte

     

     Ce texte nous montre bien l'intérêt de la photographie pour retracer les événements passés, mais peut-on encore, aujourd'hui, lui faire confiance? L'arrivée de la photo numérique nous incite à croire que la photographie peut être manipulée et même inventée comme la peinture : le " ça a été " n'est plus garanti.

     

    La photographie revêt-elle encore son attrait métaphysique, objet de mort et de vie éternelle?

     

    Extrait du texte particulièrement intéressant

     

    " Les réalistes, dont je suis, et dont j'étais déjà lorsque j'affirmais que la photographie était une image sans code - même si, c'est évident, des codes viennent en infléchir la lecture - ne prennent pas du tout la photo pour une "copie"  du réel - mais pour une émanation du réel passé : une magie, non un art. Se demander si la photographie est analogique ou codée n'est pas une bonne voie d'analyse. L'important, c'est que la photo possède une force constative, et que le constatif  de la photographie porte, non sur l'objet, mais sur le temps. D'un point de vue phénoménologique, dans la photogrphie, le pouvoir d'authentification prime le pouvoir de représentation.

     

    Stéphane De Bona


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  • Tobin

    Depuis quelques jours, les marchés financiers sont à nouveau nerveux. Les derniers indicateurs du marché immobilier américain font douter les économistes concernant la force de la reprise de la croissance en 2010. Il faut dire également que la vitalité de la reprise à la hausse des marchés financiers a été particulièrement impressionnante depuis le début de cette année. Le marché boursier a besoin d'une pause, d'une consolidation salvatrice pour permettre à l'économie de s'appuyer sur des fondamentaux financiers sains. On peut se demander alors si une taxe Tobin n'aurait-elle pas pu calmer les marchés ces derniers jours ?

     

    Pourquoi la taxe Tobin renaît-elle de ses cendres ?

     

    A l'occasion des G 20 et de la campagne européenne, la taxe Tobin a refait une apparition furtive. On peut dire qu'elle fait son retour sur le devant de la scène, à chaque grande crise financière, à chaque éclatement de bulle (en 1987, en 2000 et 2009). Inventée en 1972 par le prix Nobel d'économie James Tobin, cette taxe est devenue l'obsession des organisations altermondialistes, mis depuis peu elle fait des émules mêmes si les plus libéraux. Son rôle est de taxer chaque transaction financière à un niveau plutôt faible et doit inciter les plus spéculateurs affaissés des mouvements d'aller et retour qui déstabilise les marchés. Dernièrement, elle a trouvé un défenseur pour le moins étonnant, le chef de l'autorité britannique des services financiers (F. S. A.) Adair Turner, a prêché pour son instauration, afin d'éviter une reprise en feu de paille. Le président de la commission européenne José Manuel Barroso, pourtant peu connu pour son interventionnisme et son envie de régulation, a lui aussi expliqué qu'il militerait pour la mise en place d'une telle taxe. Pourtant, c'est à ne rien y comprendre Corinne Lepage avait proposé son instauration dans le paquet écologique et les parlementaires socialistes européens ont voté contre. Les failles que la finance mondiale a laissé apparaître aux yeux de tous les concitoyens d'Europe lors de cette crise financière ont amené beaucoup d'analystes à se poser des questions sur un nouveau modèle, plus moral. La taxe Tobin en devient le symbole, au même titre que la question des bonus bancaires, et pourtant rien !

     

    Pourquoi doit-on taxer les transactions financières ?

     

    James Tobin était un économiste de tendance keynésienne, devenu prix Nobel en 1981. Sa fameuse taxe lui a valu une belle notoriété, alors qu'elle ne fut jamais mise en place jusqu'à maintenant. Il fut pourtant l'un des conseillers économiques du gouvernement de John Fitzgerald Kennedy. Il décède en 2002. En 2001 il avait déclaré qu'il n'y avait « aucune chance » que sa taxe fut mise un jour en place, car « les acteurs décisifs de la scène financière internationale sont contre ». À cette époque, ils sont de moins en moins nombreux pourtant à s'y opposer, mais cela ne devrait pas changer le destin de son idée, car l'instauration de celle-ci dans une seule nation ne servirait à rien. Pourtant s'il avait décidé de taxer les transactions financières, ce n'est pas par dogmatisme, mais bien parce que, selon lui, cette mesure permettra non seulement de récolter de l'argent, mais surtout, ce qu'il considérait déjà, dans les années 70, comme un ennemi de l'économie réelle : la spéculation financière. Pour lui, il n'est pas question d'interdire la bourse ou d'entraver les marchés financiers, mais simplement de ne mieux les réguler. Il pense que cette taxe permettra de trier le bon grain de l'ivraie si on la fixa un taux raisonnable (il avait d'abord donné l'exemple de 1 %, avant d'envisager des niveaux bien plus faibles, en retenant enfin 0,0 25 %). Son objectif est simple : pénaliser durement les spéculateurs s'en faire fuir les investisseurs utiles au bon fonctionnement de l'économie. Cette taxe ne pénalisera que peu l'investisseur qui place son épargne à long terme dans le but d'aider une entreprise qu'il connaît bien et soutient. Si l'on investit ainsi 10 000 € en bourse ou dans une entreprise non cotée et que l'on applique une taxe semblable à celle de Tobin, le prix à payer pour s'acquitter de ce nouvel impôt ne serait que de 25 €, pas grand-chose par rapport à la mise de départ. Cette idée répondrait notamment aux questions relatives aux grands mouvements sur les devises. Certains spéculateurs ont réussi (bien après l'idée Tobin) à faire trembler l'économie asiatique entière en 1997, bien avant les suprimes.

     

    Pourquoi cette mini-taxe n'a-t-elle jamais été mise en place ?

     

    C'est avant tout la force des lobbys financiers qui l'en empêchent. Ils sont logiquement hostiles à cette taxe, qui viendrait empiéter sur leurs bénéfices et freinerait une partie de leur activité. Les grandes banques américaines et mondiales estiment avoir besoin de la spéculation pour exister. Selon eux, si un pays se mettait seul à l'appliquer dans son coin, il serait mis à l'index par le reste du monde, et les investisseurs préféreraient aller jouer ailleurs. Ce serait une véritable catastrophe pour le pays, qui verrait tous les fonds fuir à l'étranger et laisserait le pays exsangue. L'économie mondialisée impose que cette taxe soit mise en place partout, ou nulle part. Si un simple pays peut tout faire échouer, il est fort à parier que cette taxe ne voit jamais le jour malgré ce grand effet de mode.

     

    Stéphane De Bona

     

    Charles-Henri Filippi : Sortir de la crise financière !

     

     


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  • Tobin

    Depuis quelques jours, les marchés financiers sont à nouveau nerveux. Les derniers indicateurs du marché immobilier américain font douter les économistes concernant la force de la reprise de la croissance en 2010. Il faut dire également que la vitalité de la reprise à la hausse des marchés financiers a été particulièrement impressionnante depuis le début de cette année. Le marché boursier a besoin d'une pause, d'une consolidation salvatrice pour permettre à l'économie de s'appuyer sur des fondamentaux financiers sains. On peut se demander alors si une taxe Tobin n'aurait-elle pas pu calmer les marchés ces derniers jours ?

     

    Pourquoi la taxe Tobin renaît-elle de ses cendres ?

     

    A l'occasion des G 20 et de la campagne européenne, la taxe Tobin a refait une apparition furtive. On peut dire qu'elle fait son retour sur le devant de la scène, à chaque grande crise financière, à chaque éclatement de bulle (en 1987, en 2000 et 2009). Inventée en 1972 par le prix Nobel d'économie James Tobin, cette taxe est devenue l'obsession des organisations altermondialistes, mis depuis peu elle fait des émules mêmes si les plus libéraux. Son rôle est de taxer chaque transaction financière à un niveau plutôt faible et doit inciter les plus spéculateurs affaissés des mouvements d'aller et retour qui déstabilise les marchés. Dernièrement, elle a trouvé un défenseur pour le moins étonnant, le chef de l'autorité britannique des services financiers (F. S. A.) Adair Turner, a prêché pour son instauration, afin d'éviter une reprise en feu de paille. Le président de la commission européenne José Manuel Barroso, pourtant peu connu pour son interventionnisme et son envie de régulation, a lui aussi expliqué qu'il militerait pour la mise en place d'une telle taxe. Pourtant, c'est à ne rien y comprendre Corinne Lepage avait proposé son instauration dans le paquet écologique et les parlementaires socialistes européens ont voté contre. Les failles que la finance mondiale a laissé apparaître aux yeux de tous les concitoyens d'Europe lors de cette crise financière ont amené beaucoup d'analystes à se poser des questions sur un nouveau modèle, plus moral. La taxe Tobin en devient le symbole, au même titre que la question des bonus bancaires, et pourtant rien !

     

    Pourquoi doit-on taxer les transactions financières ?

     

    James Tobin était un économiste de tendance keynésienne, devenu prix Nobel en 1981. Sa fameuse taxe lui a valu une belle notoriété, alors qu'elle ne fut jamais mise en place jusqu'à maintenant. Il fut pourtant l'un des conseillers économiques du gouvernement de John Fitzgerald Kennedy. Il décède en 2002. En 2001 il avait déclaré qu'il n'y avait « aucune chance » que sa taxe fut mise un jour en place, car « les acteurs décisifs de la scène financière internationale sont contre ». À cette époque, ils sont de moins en moins nombreux pourtant à s'y opposer, mais cela ne devrait pas changer le destin de son idée, car l'instauration de celle-ci dans une seule nation ne servirait à rien. Pourtant s'il avait décidé de taxer les transactions financières, ce n'est pas par dogmatisme, mais bien parce que, selon lui, cette mesure permettra non seulement de récolter de l'argent, mais surtout, ce qu'il considérait déjà, dans les années 70, comme un ennemi de l'économie réelle : la spéculation financière. Pour lui, il n'est pas question d'interdire la bourse ou d'entraver les marchés financiers, mais simplement de ne mieux les réguler. Il pense que cette taxe permettra de trier le bon grain de l'ivraie si on la fixa un taux raisonnable (il avait d'abord donné l'exemple de 1 %, avant d'envisager des niveaux bien plus faibles, en retenant enfin 0,0 25 %). Son objectif est simple : pénaliser durement les spéculateurs s'en faire fuir les investisseurs utiles au bon fonctionnement de l'économie. Cette taxe ne pénalisera que peu l'investisseur qui place son épargne à long terme dans le but d'aider une entreprise qu'il connaît bien et soutient. Si l'on investit ainsi 10 000 € en bourse ou dans une entreprise non cotée et que l'on applique une taxe semblable à celle de Tobin, le prix à payer pour s'acquitter de ce nouvel impôt ne serait que de 25 €, pas grand-chose par rapport à la mise de départ. Cette idée répondrait notamment aux questions relatives aux grands mouvements sur les devises. Certains spéculateurs ont réussi (bien après l'idée Tobin) à faire trembler l'économie asiatique entière en 1997, bien avant les suprimes.

     

    Pourquoi cette mini-taxe n'a-t-elle jamais été mise en place ?

     

    C'est avant tout la force des lobbys financiers qui l'en empêchent. Ils sont logiquement hostiles à cette taxe, qui viendrait empiéter sur leurs bénéfices et freinerait une partie de leur activité. Les grandes banques américaines et mondiales estiment avoir besoin de la spéculation pour exister. Selon eux, si un pays se mettait seul à l'appliquer dans son coin, il serait mis à l'index par le reste du monde, et les investisseurs préféreraient aller jouer ailleurs. Ce serait une véritable catastrophe pour le pays, qui verrait tous les fonds fuir à l'étranger et laisserait le pays exsangue. L'économie mondialisée impose que cette taxe soit mise en place partout, ou nulle part. Si un simple pays peut tout faire échouer, il est fort à parier que cette taxe ne voit jamais le jour malgré ce grand effet de mode.

     

    Stéphane De Bona

     

    Charles-Henri Filippi : Sortir de la crise financière !

     

     


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