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    Introduction : Pourquoi abordons-nous ce sujet ?

    cb-en-2-007

     

    En sciences humaines, les catégories sont un outil important du chercheur. Cependant elles n'ont pas le même sens suivant les disciplines.

    Lors d'un débat, nous, une psychologue et un philosophe, avons ouvert un dialogue transdisciplinaire, en toute innocence, sur ce sujet. Nous avons entamé un échange sur la catégorisation et son intérêt. Le danger du racisme fut vite mis en avant. Nous nous sommes aperçus que la psychologie et la philosophie ne détermine pas la même chose en développant ce concept.

    Suite à une divergence d'opinion, nous avons décidé de demander à une tierce personne, « monsieur tout le monde », de nous départager. Cette personne devait ne pas avoir réfléchi à cette problématique du fait de sa profession.

    Un défi fut lancer à chacun : écrire en une page ce que nous inspirent les mots « catégorisation » et « racisme ». Aucune autre consigne ne venait diriger nos écrits.

    Il fut difficile pour chacun de se limiter à une page tant le sujet est vaste. De nombreuses directions de réflexions peuvent être prises, chacun fut libre de choisir sa voie.

     

    Nous vous transmettons ici le résultat de notre réflexion en trois articles. Il est à noter que malgré nos divergences nous sommes tous allés dans une même direction : la danger de l'amalgame et du racisme.

    Les trois auteurs sont, dans l'ordre de parution des articles :

    • Maurice Zygler, ingénieur retraité, notre « monsieur Jourdain », personne par définition neutre. Mais, il a utilisé la catégorisation dans l'utilisation des statistiques.

    • Marguerite Weber, psychologue du travail, impliquée dans la maîtrise des risques psychosociaux et qui, par sa formation, utilise de fait la catégorisation.

    • Stéphane De Bona, philosophe, qui de part son handicap, subit la catégorisation.

     

    Bonne lecture

     

    Lien possible entre racisme et catégorie

     

    La base : une définition

    Le Grand Robert de la langue française définit le racisme par le biais de trois définitions.

    La première fait appel à la théorie des races qui conclut à la nécessité de préserver la race prétendue supérieure de tout croisement et à son droit de dominer les autres.

    La seconde constate une attitude inégalitaire d'hostilité à l'égard d'un groupe ethnique ou l'ensemble des réactions qui, consciemment ou non, s'accordent avec cette attitude. A ce propos, il est bon de préciser qu'une ethnie est un ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture, alors que la race dépend de caractères anatomiques.

    La troisième correspond à l'utilisation figurée du langage populaire, à savoir l'hostilité violente contre un groupe social, qu'il s'agisse du racisme anti-jeunes, de celui envers les intellectuels ou celui envers les femmes.

     

    Catégorie et classement

     

    Le même dictionnaire précise que la catégorisation consiste dans le classement par catégories, notamment en linguistique et en psychologie sociale. Cette définition étant insuffisamment précise pour le sujet abordé, il faut entrer dans la définition de la catégorie.

    Si je reviens toujours vers le dictionnaire cité précédemment, il y a autant de définitions du mot « catégorie » qu'il y a de domaines dans lesquels un classement est possible, à savoir la philosophie, les sciences, la linguistique, les mathématiques par exemple. Mais, notre propos m'amène à retenir la définition relative au classement des individus.

    Dans ce domaine, une catégorie est un ensemble de personnes ayant des caractères communs.

    Il peut s'agir d'une catégorie sociale présentant les mêmes caractéristiques sociologiques, une catégorie socio-professionnelle ou chacune des classes dans lesquelles (selon leur âge, leurs capacités ou leur poids) sont placés les sportifs.

     

    Pas de rapport, « a priori » entre racisme et catégorie

     

    A priori, il n'y a pas de rapport direct entre le racisme qui est une situation d'hostilité et la catégorisation qui est une démarche de classification.

    Mais, en s'y intéressant de plus près, le racisme s'en prend bien à une catégorie qu'il a bien fallu identifier et caractériser avant. Cette catégorisation est partagée par des groupes qui eux mêmes peuvent être catégorisées.

    Ce lien qui apparaît entre les deux termes « racisme » et « catégorisation » est concrétisée par l'expression : « Nous ne sommes pas de cette catégorie de gens qui........ ».

    Le classement pourrait être le fait de personnes qui ne sont pas forcément racistes et l'exploitation raciste du classement peut être mise en œuvre par d'autres. C'est la même situation qui consiste à utiliser le résultat d'une recherche scientifique sur le nucléaire à des fins destructives et non médicales.

     

    Ainsi, je conclurai que le racisme utilise la catégorisation pour sévir, mais que la catégorisation peut avoir des objectifs de classement pour l'analyse et la compréhension de processus.

    Par ailleurs, si le racisme nécessite de catégoriser, la catégorisation n'est pas à l'origine du racisme, tout comme le scientifique découvrant l'énergie nucléaire n'est pas à l'origine de l'esprit destructeur de ceux qui l'utilisent.

     

    Maurice Zygler, citoyen français catégorisé.

     

     

    La catégorisation, pour quoi faire ?

     

    En psychologie sociale, la catégorisation est un processus qui tend à ordonner l’environnement en terme de groupe, de personnes, d'objets, d’événements tenus pour semblables ou équivalents au sein du même groupe.

    Les chercheurs ont besoin de catégoriser pour mieux étudier les interrelations entre les individus ou entre les groupes.

     

    Qu'apporte la catégorisation à l'individu ?

     

    La catégorisation est un mécanisme automatique de l'individu. Il l'utilise pour créer son identité sociale.

    L'Homme a besoin d'appartenir à un groupe tout en se différenciant des autres groupes par une ou plusieurs caractéristiques réelles ou subjectives.

    Une personne peut appartenir à plusieurs groupes, donc à plusieurs catégorisations.

     

    Le danger de la catégorisation : le racisme

     

    Le danger de la catégorisation est le préjugé. Le préjugé est une attitude défavorable envers une personne en raison de son groupe d'appartenance, supposé ou réel.

    En psychologie, le racisme est une forme d'expression des préjugés. Le raciste perçoit d'autres individus ou d'autres groupes n'appartenant pas à son univers social habituel, comme non seulement différents mais inférieurs et dangereuses pour lui.

    Le racisme interdit la différence. Le raciste souhaite dominer, voire annihiler, tous ceux qui ne lui ressemblent pas. Il se sert de la catégorisation pour stigmatiser ses victimes.

     

    La catégorisation dans la vie de tous les jours

     

    Cependant, la catégorisation est une nécessitée pour se différencier les uns des autres pour ne pas être des copies des uns des autres.

    La catégorisation donne un droit à la différence, donc un droit à une existence propre.

    La catégorisation donne naissance à la discrimination. Celle-ci peut être vue comme négative (racisme) ou plus positivement, devenant la discrimination positive.

    Elle permet, par exemple, aux personnes ayant un handicap de se voir octroyés des conditions particulières pour les examens (aide à l'écriture, ordinateur, secrétaire, salle accessible…...).

     

    Pour conclure :

     

    Nous sommes tous des êtres différents. Connaître nos différences devrait permettre de les assimiler pour donner à tous les mêmes chances quelque soit son handicap, son origine, son genre, sa sexualité,…......

    La catégorisation n'est pas néfaste en soi, c'est l'interaction des individus en fonction de leur croyances, de leurs attitudes qui entraîne des exclusions, des violences, …........

    À l'inverse, la « non catégorisation » pourrait être assimilée au racisme, car le racisme interdit la différence.

     

    L'éducation à l'acceptation de la différence est la clé pour que la catégorisation ne donne plus naissance à des préjugés, mais à une entraide (si le besoin en est ressenti) voire à une invisibilité/indifférence de la différence.

     

    Maguerite Weber

     

     

    Les liaisons dangereuses en philosophie

     

    C'est par une simple erreur sémantique que l'humanité risque de courir à sa perte. Le langage et la raison de l'être sont des armes de destruction massive au même titre que l'énergie nucléaire si elles ne sont pas employées à bon escient en respectant leur sens premier (ou objectif attendu).

     

    Les erreurs sémantiques dangereuses.

     

    En philosophie, les catégories servent à classifier des propriétés de l'essence de l'Être. Elles n'ont d'autre but, que de nous faire mieux connaître l'homme en tant qu'Être. Les catégories doivent servir à opérer une différenciation culturelle dans l'humanité.

     

    Les mots accolés « diversité raciale » sont un non-sens appliqué à l'homme. On devrait leur préférer ceux de « différenciation culturelle ». La catégorisation puis la classification par race ne peuvent qu'appauvrir l'humanité et l’amener à son extinction par faute d'une in-adaptabilité.

     

    Pourtant, l'anthropologie du 19ème siècle a réinvesti le concept pour l'appliquer à la morphologie de l'homme. La doctrine raciste revêt un caractère pseudo scientifique à partir de la publication de Gobineau « Essai sur l'inégalité des races humaines » en 1856. C'est à ce moment précis qu'est né une erreur historique tragique. En effet, cette notion appliquée à l'homme ne peut l'entraîner que vers ses plus bas instincts.

     

    Nous devrions parler d'espèce humaine et opérer un changement sémantique profond en substituant le mot « race » par la « reconnaissance de la différenciation culturelle ».

     

    De la classification à la race.

     

    La première forme de racisme est due à une différence morphologique, qui n'a pas lieu d'être, puisque les races sont créées artificiellement par la pensée humaine. En effet, l'homme a amélioré voire créé des races pour le royaume animal, par différents processus de sélection et de croisement. Alors même que cette sélection aurait été faite, sans lui, naturellement soit par une évolution darwinienne, où la sélection naturelle aurait fait son œuvre laissant les plus forts survivre et les plus faibles s'éteindre, soit par une évolution génétique, ne laissant pas la place à la reproduction entre deux espèces voisines (exemple l'homme de Cro-Magnon et l'homme de Neandertal).

     

    La classification pour l'espèce humaine n'a ainsi aucun sens, puisque celle-ci nous aide à créer et à répertorier de nouvelles races. L'homme a procédé à cette classification pour augmenter sa puissance et domestiquer la nature. La création des races n'est rien d'autre qu'un aveu de faiblesse de l'humanité.

     

    Ce que nous appelons, « race » pour l'être humain n'est rien d'autre qu'une différentiation culturelle ou géographique. Le concept de « race » ne peut être décliné pour l'être humain. Il traduit seulement une peur de celui qui n'est pas proche de notre environnement culturel ou une peur issue d'une différence physique qui s'est produite par l'adaptation climatologique et géographique de la population vivant sur un territoire déterminé.

     

    Dans la Rome antique, on dénommait « barbare » l'homme de la cité voisine qui mettait en danger la communauté dans un but de domination et d'extension territoriale. Nous avons affaire, ici, à une deuxième forme de racisme : le racisme de domination avec absorption de la population autochtone. Ce racisme est une vision ethnocentrique de la société colonisatrice.

     

    Une troisième forme de racisme se développe dans les années 30. Le régime nazi s'est appuyé sur la différenciation culturelle produite de génération en génération pour justifier le massacre des juifs, des tziganes et des handicapés.... Ces catégories étant non assimilable, il fallait les faire disparaître par l'extermination. Le Nazisme créa à partir de ces catégories une notion de race définie par lui-même. Il souhaitait appliquer à l'homme le même procédé que pour les animaux. C'est d'ailleurs à cette époque, que la protection animale a connu son premier essor.

     

    racisme

    Ces trois formes de racisme sont issues d'une erreur sémantique : La notion de race ne concerne que le monde animal et ne peut être appliquée à l'être humain.

     

    Stéphane De Bona


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    handicap et sexe

    L'Amour : handicap et sexualité

     

    Depuis le début des années 1970, se sont opérés tour à tour la libération sexuelle accompagnée du droit à la liberté d'avortement et enfin une industrialisation du sexe par l'intermédiaire des sex-shops, des diffusions de films érotiques ou pornographiques sans contrôle particulier. L'accès à ces films est devenu, par le biais d'Internet abordable même aux plus jeunes, entraînant des dérives menant à la délinquance sexuelle. Pour cela, le gouvernement issu des élections de 2002, tente de durcir la législation en matière sexuelle et d'établir une prohibition de la prostitution.

     

    Le dernier tabou

     

    Le seul tabou restant en matière sexuelle demeure la vie amoureuse des personnes handicapées, à croire que ces individus sont nés asexués et que l'image de la personne handicapée n'a guère évolué depuis le siècle des lumières; incarnant des monstres entre l'animal et l'humain. Une autre option est encore possible, en observant l'agencement des espaces publics : «  l'infirme serait un ange ». Ce qui pourrait rendre plausible cette hypothèse serait démontrée par l'existence de trois formes de toilettes publiques (pour les hommes, pour les femmes et pour les personnes handicapées). De ce fait, les invalides constituent un troisième sexe.  De la même la communauté homosexuelle a pu vivre cet état de fait, avant 1982, où l'homosexualité était un délit.

     

     

    Mais comment ce dernier tabou qui concerne la sexualité des personnes handicapées peut-il être levé ? Sans doute, par une reconnaissance pleine et entière de ces citoyens à l'humanité. Si le fait d'être humain peut se définir par le logos, bon nombre de personnes handicapées n'en sont pas dépourvues et, parfois même, en sont bien loties. Ces individus, que l'on pourrait qualifier d'exceptions dans le langage d'Hannah ARENDT, sont souvent perçus comme des bienfaiteurs de l'humanité de part leur côté altruiste. Pourtant les gestes d'altruisme ne sont-ils pas souvent que des actions d'égoïsme déguisé, ayant pour but la reconnaissance de la personne par la société ?

     

    La sublimation de la libido : concept de S. FREUD

     

    couple handicap

    Si l'amour est une force équilibrante, et parfois génératrice de créativité et d'action (comme croit l'avoir perçu S. FREUD dans « le souvenir d'enfance de Léonard DE VINCI » qui sublime son homosexualité en se servant de sa libido dans sa création artistique) pour le commun des mortels, il peut être aussi un acte de soin pour une personne invalide. En effet, une bonne relation amoureuse vaut bien une séance de rééducation.

     

    A ce jour, cette question reste encore l'un des plus grands tabous de la société française, alors que  certains pays de l'union européenne s'interrogent ouvertement et tentent de trouver des solutions appropriées. En France, les seules propositions avancées sont le recours à des professionnels du sexe réprimés par la loi,  des plaisirs solitaires ou bien encore le détournement de sa libido en force créatrice et intellectuelle.

     

    Etre sans aimer et sans être aimé, ce n'est pas tout à fait être !

     

    « Nos passions (amoureuses) sont les principaux instruments de notre conservation, c'est donc une entreprise aussi vaine que ridicule de vouloir les détruire ». Jean-Jacques ROUSSEAU

     

     UNE IDEE POETIQUE DU HANDICAP 

     

     

    MAIS ALORS Où SE SITUE LA LIBERTE ?

     

    Un amour non endigué par le handicap

     

    Pourtant si négligé que souvent on le rate

     

    Et capable d'aimer sans réserve, sans compter

     

    Un esprit ouvert dans un corps prisonnier

     

    Ah ! Il manque un pied ou deux à ces maux derniers

     

    Mais qu'importe après tout l'âme est libérée !

     

     

     Stéphane De Bona


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    L'handicapable

     

    film intouchables

    Le but de cette analyse va être de proposer un autre regard sur le handicap car longtemps considéré comme un tabou, le handicap donne à voir depuis toujours une certaine manière d'envisager la vie et d'appréhender la personne à mobilité réduite comme une personne mise au ban de la société, un monstre, une « chose » différente de la masse globale. Mon texte est simple, sans fioriture ni concession, parfois brutale, toujours lucide. Je pars du principe de ne plus favoriser l'handicapé par rapport aux valides, car selon moi il y aurait discrimination positive pour reprendre une célèbre formule, mais plutôt adapter l'aspect technique (ascenseur, rdc). Il faut changer les mentalités dans la vision même de l'homme mais il faut surtout que soit reconnu le fait qu'un handicap aussi lourd soit-il n'est pas une maladie ni une fatalité et encore moins mortelle, qu'on peut vivre comme tout le monde, longtemps grâce aux progrès de la médecine : les institutions en première ligne alimentent depuis des décennies une hypocrisie insupportable sous couvert de bonne action du jour ; les banques refusent à première vue le prêt bancaire à un handicapable qui souhaite acheter ou louer un bien immobilier ou locatif. Du handicap, l'handicapable n'est plus un handicapé ; les handicapés c'est nous, ce qu'on appelle valides, normaux. D'où ma question : Où est la norme ?

     

    Rendre le visible invisible

     

    La personne à mobilité réduite doit être traitée comme les autres ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour celà une redéfinition du mot « handicapé » est nécessaire ; aujourd'hui encore ce mot possède un sens lourd de signification, réducteur et péjoratif. C'est pourquoi je préfère le terme « handicapable » je le répête une personne comme les autres si ce n'est la machinerie qui lui sert de support -fauteuil- à se déplacer comme nous autres. Utilisons le vélo ou la voiture, inversons les rôles : que diriez vous si nous pouvions tout faire simplement assis confortablement dans notre fauteuil pourvu de dizaines de fonctions qui nous permettraient de manger, boire, dormir, lire, écrire, nous déplacer. Devenons handicapés le temps d'un texte : L'affect, la sensibilité, le toucher est plus développé chez une personne à capacité réduite. C'est lorsqu'on est réellement privé de l'un de nos sens que les autres  en sont plus développés ; regard différent se pose alors  sur son propre corps et sur le monde ; on aimerait pouvoir dire « le handicap a changé ma vie » aussi immorale et vide de sens cette phrase soit-elle...

    Frustrant et traumatisant est la personne qui n'est pas handicapée de naissance mais suite à un accident ou une maladie. Une fois handicapée, la personne ne veut pas y croire, puis prend conscience de son état et réalise que plus rien ne sera comme avant : On lui a enlevé une partie de son humanité. Trois profils se dévoilent, celui...

    * qui n'acceptera jamais son handicap (dépression, idées noires, folie, aggressivité, schizophrénie, suicide)

    * qui profite de sa situation (assistanant, égocentrisme, blasé, aigri)

    * qui s'ouvre aux autres et qui veut s'en sortir (indépendance, autonomie, empathie, philantropie)

     

    Tous différents et riche de l'autre

     

    On est tous l'handicapé de quelqu'un dès lors qu'on est différent, celui considéré comme hasbeen, excentrique est immédiatement marginalisé. Il tient d'une forme de pensée unique que de dire et de faire comme tout le monde, cette fameuse expression « faire comme tout le monde » propre aux donneurs de leçons ; les exemples sont divers et variés dans toutes les artefacts de la vie quotidienne :

    En famille : la pression exercée sur une personne souvent moins expérimentée, plus jeune ou tout juste débarquée dans la famille, concernant les décisions importantes quant à la recherche d'un emploi, où scolariser son enfant, la prise ou non de la parole, les disputes au moment du repas, les règlements de comptes et les secrets inavoués sont autant d'exemples qui prêtent parfois à sourire et maintes fois utilisés dans les scénarios de fims ou séries.

    Sur son lieu de travail : la personne, qui va travailler plus lentement que son collègue, va être mis au ban de son groupe. Il faut manger les autres avant de se faire manger entend-t-on souvent mais la dextérité, l'esprit d'équipe et la rapidité d'exécution n'est pas forcément acquis chez tout le monde, et l'on devrait pouvoir s'entendre et travailler avec divers profils, accepter faiblesses et défauts chez les autres sans que celà n'entrave pas la bonne marche de compétitivité de l'entreprise.

    Dans l'intimité : la panne sexuelle, l'impuissance ou l'éjaculation précoce sont autant de handicap qui peuvent bouleverser la vie sexuelle du couple. Au rang de performance, le complexe du vestiaire et le besoin constant de satisfaire sa ou son partenaire sont des défis purement masculins qui obsèdent l'individu. D'un autre côté, l'infidélité, le fait de supporter l'autre sont des barrages à l'incompréhension.

    Enfin, en milieu scolaire : Il y a compétition au niveau de l'assimilation des informations chez l'élève sinon il sera vite catalogué comme un perdant, un boulet ou pire, idiot... Les clans intègrent des profils types et on remarque les premiers comportements du genre depuis le début des années 80, en même temps que la technologie avançe et que la surconsommation dicte les conduites à adopter. Faire partie d'une bande comme vecteur social, avoir les mêmes intérêts communs que cette bande, sinon l'élève risque là aussi d'être exclu, et chez les jeunes on sait à quel point les méthodes sont radicales, parfois cruelles.

     

    Le droit à l'indifférence 

     

    L'handicapé ; cette tranche d'individu qui suite à une maladie ou à un accident se retrouve dépourvue de certains ou de toutes ses facultées physiques, motrices et/ou intellectuelles, parmi tous les types de handicaps existants, celui qui m'intéresse serait plutôt la manière dont nos sociétés modernes prônent l'assistanat : La première loi sur le handicap date de 1975, avant, il n'y eu pas de reconnaissance de cette catégorie de personnes aux yeux de l'état, ni de prise en charge, ni de statut pour l'handicapé ; à partir de cette date, les enfants souffrant d'un handicap sont scolarisés. A son 20e anniversaire, une assistante sociale à domicile contrôle et évalue les besoins de l'handicapé tous les cinq ans (une exception en Alsace-Moselle) et une seule fois pour toute dans le reste de la France. Cette personne exécute les gestes pour lesquels elle est payée et couverte. L'ensemble de ces soins-là est prédéfinie (si l'aide à la personne fait le repas, elle ne fera pas le ménage...). La situation est révisée en cas d'évolution nette dans la vie de la personne handicapée, cependant cela reste aléatoire et ambigüe car si un jour cette personne peut se lever du lit toute seule, le lendemain elle ne pourra peut-être pas le faire. Dans le cas de l'ancienne allocation l'A.C.T.P. versée mensuellement et gérée à la guise de l'handicapable pour rémunérer une personne désignée apte aux soins quotidiens minimum, cette personne pouvant être de la famille ou non. Avec le film « Intouchables » le handicap est sorti du bois. Est-ce vraiment une vision réaliste de notre société, on peut honnêtement se le demander. Les exemples successifs cinématographiques et gouvernementaux nous montrent des personnes en situation de handicap qui proviennent de milieux aisés. Dans les années 80 le seul ministre handicapé a laissé un triste souvenir. Dans un premier temps, Michel Gilibert a sensibilisé la population au handicap mais s'est révélé un piêtre gestionnaire des finances publiques ou plutôt un bon, mais à son profit. L'éclaircissement de cette situation ne sera jamais faite car il décéda quelques jours avant l'ouverture de son procès. Aujourd'hui Philippe Streiff ancien pilote de FI de part ses moyens et sa notoriété a la possibilité de vivre seul dans « le luxe » et faire du lobbing auprès des différents gouvernements pour améliorer notre situation de vie. C'est largement le succès d' « Intouchables » qui réhabilita l'image de le handicap auprès du grand public, là encore c'est un homme Philippe Di Borgo qui a pu tirer son épingle du jeu grâce à sa fortune personnelle. N'oublions pas les 850 000 bénéficiaires français de l'Allocation Adulte Handicapé (vosdroits-servicespublics) ne peuvent pas avoir de conditions de vie dignes et similaires à ces exceptions. L'AAH représente en effet une allocation de subsistance qui se situe largement en dessous du seuil de pauvreté. Malgré l'augmentation de 25% sous le quinquenat de Nicolas Sarkozy nous ne le dépassons toujours pas.

     

    Faut-il alors qu'un maillon sorte de la chaîne et deviennent autonome, ouvre la voie à d'autres pour que l'handicapable deviennent un exemple à suivre, que son action soit largement médiatisée... Cette théorie est tout à fait réalisable si un effort minimale du public est apportée et que les sociétés individualistes tombent ; cela demandera un gros travail sur soi, il faut passer du visible à l'invisible. Travailler sur la reconnaissance de la personne handicapée dans tous lieux communs et son stigmate sera totalement dépassé. Il pourra ensuite s'opérer dans tous les autres spectres minoritaires, l'homosexualité notamment.

     

    Franck Schweitzer en collaboration avec Stéphane De Bona


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    Cerrie Burnell

    Cerrie Burnell est née avec une seule moitié du bras droit, mais cela ne l'a pas empêché d'être recrutée par la chaîne britannique BBC pour animer une émission enfantine. Cette jeune femme de 29 ans réalise ainsi son rêve : travailler pour la télévision malgré son handicap. Une initiative de la BBC surprenante, mais qui mérite sûrement d'être applaudie.

     

    La peur de la différence

     

    Cette jeune femme volontaire fait l'objet d'une polémique. La chaîne a reçu des milliers de lettres, demandant le retrait de l'animatrice de l'antenne. Elle fait peur aux enfants !

     

    La chaîne BBC reste pour le moment sur ses positions et maintient Cerrie Burnell à l'antenne, mais pour combien de temps encore ? De son côté, l'animatrice ne comprend pas ces critiques et pense que "des modèles sont indispensables dans les médias". Cette situation pose la question d'une éducation au handicap ou plutôt à la différence.  Comment peut-on penser à l'intégration totale des personnes en situation de handicap, lorsque nous pouvons rencontrer un tel cas au 21ème siècle ?

     

    Le handicap à la télévision française

     

    En France, ce problème ne pourrait pas arriver. Le handicap est tout simplement absent des écrans. Nous parlons de l'insertion des personnes handicapées que ponctuellement, à travers de reportages sur des gens d'exceptions. Nous existons grâce à des quotas dans les entreprises ou la fonction publique, par des campagnes médiatiques choc. Nous vivons dans une société d'image et nous y sommes quasiment inexistant, un paradoxe. Nous sommes une minorité invisible ! La seule série « âge sensible » mettant en scène un jeune handicapé dans les années 90 a fait long feu, par manque d'audimat. Autant dire que quand nous serons dans une telle situation, nous pourrons être heureux !

     

    Stéphane De Bona    


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